L’Europe est à la croisée des chemins. Avec un écosystème tech en pleine expansion, elle doit surmonter un défi majeur : sa fragmentation réglementaire. Le rapport State of European Tech 2024 d’Atomico met en lumière une solution ambitieuse. Le « 28th Regime », cadre juridique harmonisé, pourrait transformer le marché unique européen. Serait-ce le catalyseur dont l’Europe a besoin pour libérer son plein potentiel ?
EN BREF.
- La fragmentation réglementaire freine la tech européenne.
- Le « 28th Regime » est un cadre juridique unique vise à harmoniser les règles fiscales et administratives.
- Il pourrait permettre aux startups de croître plus facilement à travers l’Europe et d’attirer davantage d’investissements.
- Car l’Europe accuse un déficit de financement majeur : un manque de 375 milliards d’euros pour les scale-ups sur la dernière décennie.
- L’Europe a pourtant un fort potentiel et une dynamique d’emploi impressionnante : 3,5 millions d’emplois tech en Europe en 2024, avec une forte progression en France (517 000 emplois tech contre 63 000 en 2015).
- L’adoption du « 28th Regime » pourrait transformer l’écosystème européen, et permettre l’émergence de champions technologiques globaux tout en stimulant l’innovation transfrontalière.
Une fragmentation coûteuse pour les startups
Aujourd’hui, la fragmentation ralentit la progression des startups. Chaque pays européen impose ses propres règles fiscales et administratives. Pour les entrepreneurs, cela entraîne des coûts élevés et des processus complexes. Par exemple, une startup active sur plusieurs marchés doit adapter ses contrats à chaque juridiction. Ce casse-tête juridique empêche une expansion fluide et met des bâtons dans les roues des startups européennes.
Conséquence, seulement 18 % des investissements précoces traversent les frontières européennes. En comparaison, les startups américaines accèdent facilement à un marché unifié de 330 millions de consommateurs. Cette dynamique leur permet de croître rapidement et d’attirer des financements massifs.
Les chiffres sont parlants : les startups européennes lèvent deux fois moins de tours de croissance supérieurs à 15 millions d’euros que leurs homologues américaines.
Le « 28th Regime » : un levier pour simplifier la croissance
Le « 28th Regime » propose une solution radicale : harmoniser les règles pour créer un marché unique dédié aux startups. Ce cadre offrirait une base commune en matière de fiscalité, de levées de fonds et de contrats. En réduisant les frictions administratives, il permettrait aux entreprises d’économiser du temps et de l’argent.
Avec un environnement réglementaire simplifié, les investisseurs institutionnels européens pourraient enfin s’engager davantage. Actuellement, les fonds de pension européens investissent seulement 0,01 % de leurs actifs dans le capital-risque. Aux États-Unis, ce chiffre atteint 0,03 %. Un cadre harmonisé pourrait débloquer des milliards d’euros pour financer la croissance des entreprises technologiques européennes.
Des chiffres prometteurs pour l’écosystème tech
Depuis 2015, l’Europe a multiplié ses investissements dans la tech par dix. En 2024, ces investissements atteindront 45 milliards de dollars, un niveau proche du record de 2023. Cependant, un déficit de financement de 375 milliards d’euros freine encore les scale-ups européennes.
Le potentiel du « 28th Regime » est immense. En comblant cet écart, l’Europe pourrait rivaliser avec la Silicon Valley. E t ce cadre pourrait accélérer l’émergence des premiers géants technologiques européens valorisés à mille milliards d’euros.
Un marché unique pour libérer l’innovation
La création du « 28th Regime » ne se limiterait pas à un impact économique. Elle stimulerait aussi l’innovation dans des secteurs clés comme les énergies renouvelables, l’intelligence artificielle et la santé. Avec des règles unifiées, les startups pourraient collaborer plus facilement sur des projets transnationaux.
En France, les emplois tech ont déjà explosé, passant de 63 000 en 2015 à 517 000 en 2024. Une harmonisation réglementaire pourrait encore amplifier cette croissance.
Synthèse des chiffres clés du rapport State of European Tech 2024
Catégorie | Chiffres Clés |
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Investissements totaux (2015-2024) | 426 milliards de dollars |
Investissements annuels (2024) | 45 milliards de dollars prévus contre 47 milliards en 2023 |
Déficit de financement (scale-ups) | 375 milliards d’euros manquants sur la dernière décennie. |
Startups en phase précoce | 35 000 en 2024, contre 7 800 en 2015 |
Scale-ups | +3 400 en 2024, x8 depuis 2015. |
Licornes | +300 entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars. |
Emplois tech en Europe | 3,5 millions en 2024 (+24 % de croissance annuelle depuis 2015). |
Emplois tech créés (2015-2024) | 2,5 millions de nouveaux emplois. |
Emplois tech en France | 63 000 en 2015, 517 000 en 2024. |
Postes dans l’IA en France | 44 000 postes, 4ᵉ rang européen derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas. |
Investissements transnationaux | 18 % de financements transfrontaliers. |
Fonds de pension dans le capital-risque | 0,01 % de leurs actifs en Europe, contre 0,03 % aux États-Unis. |
Une opportunité à ne pas manquer
L’Europe a tout à gagner en adoptant le « 28th Regime ». Elle dispose déjà des talents et des idées. En simplifiant son marché, elle pourrait libérer des milliards d’euros en investissements et faire émerger des champions technologiques mondiaux.
Pourtant, cette réforme nécessite un engagement politique fort. Les décideurs européens doivent agir rapidement. Sans cela, l’Europe risque de rester un patchwork de succès locaux, incapable de rivaliser sur la scène mondiale.
La question est claire : l’Europe saura-t-elle saisir cette opportunité ?