Natcats : Le projet pionnier d’une nouvelle forme d’art numérique grâce à Bitcoin

Dans le secteur crypto, une nouvelle tendance émerge chaque semaine. Pas évident de suivre toutes les avancées. Encore moins de reconnaître lesquelles sont pertinentes et offrent un potentiel durable. Mais depuis un peu plus d’un an maintenant, le protocole Ordinals a introduit une nouvelle dimension à Bitcoin. Il est désormais possible d’inscrire des données – images, textes, code – dans les transactions Bitcoin. Pour faire court et simple : les NFT sont arrivés sur Bitcoin, et on parle d’artefacts numériques.

Le projet Natcats dont je vais vous parler dans cet article est une collection d’artefacts numériques innovante, ludique, surprenante. Elle exploite les capacités offertes par Ordinals et la théorie de la matière numérique (Digital Matter Theory – DMT) pour créer une nouvelle forme d’art numérique grâce à la blockchain. Rien que ça !

Cette initiative me paraît intéressante à présenter ici car elle représente non seulement un pas en avant dans l’utilisation créative des blockchains, mais elle soulève également des questions fascinantes sur la relation entre technologie et créativité humaine, sur l’expérience entre le collectionneur et l’œuvre ; sur l’avenir de l’art lui-même.

Dans cet article, nous allons plonger ensemble au cœur de l’expérimentation Natcats. Mais avant cela, et dans un souci de bien s’équiper intellectuellement pour comprendre le processus de création, il nous faut explorer les fondements de la théorie de la matière numérique et des données non arbitraires.

Introduction à la théorie de la matière de numérique

La théorie de la matière numérique élargit l’utilisation que nous pouvons faire des données dans le monde numérique. 

Principe

La théorie de la matière numérique repose sur l’idée que les données sur la blockchain porte en elles des motifs uniques qui peuvent être identifiés et utilisés de manière créative.

Lorsqu’analysées et structurées comme c’est le cas avec les blockchains, on peut attribuer aux données des propriétés physiques pour les utiliser dans un environnement numérique. Ces données peuvent alors être considérées comme une forme de « substance numérique » capable d’influencer et de modeler des éléments virtuels.

C’est une façon de voir les informations comme des éléments qui peuvent être assemblés et transformés pour créer quelque chose.

Les données deviennent alors des symboles.

Cette théorie trouve une application particulièrement puissante avec l’introduction du protocole Ordinals sur Bitcoin, où chaque satoshi peut être « inscrit » avec des données, transformant ces unités monétaires en porteurs d’informations.

Par exemple, un satoshi peut être marqué avec une image spécifique, un texte, ou même un petit programme, lui conférant une identité et une valeur qui vont bien au-delà de sa simple fonction économique. 

Il peut devenir une œuvre d’art (La Joconde), ou même un jeu vidéo (DOOM).

  • Le projet Bitmap par exemple, transforme chaque bloc en terrain virtuel. Les transactions du bloc symbolisent alors des parcelles de différentes tailles selon leur poids en octets et leur montant en bitcoin.
  • Le projet DMT-NAT est un token dont la tokenomy est structurée par l’architecture des données de chaque bloc. On parle ici de « token non arbitraire » (NAT pour « non arbitrary token« ). La création de nouveaux tokens est alors assujettie aux données associées aux futurs blocs minés. Le principe est intéressant car la décentralisation de la blockchain et la notion d’imprévisibilité du contenu des futurs blocs minés rend la manipulation impossible.

Bitmap est le premier à avoir exploité ce protocole pour la création de mondes virtuels, DMT-NAT pour la création d’une tokenomy. Natcats est le premier à interagir avec cette matière numérique dans le cadre d’une application artistique.

Note : Il n’est pas question dans cet article de juger ou de débattre de la qualité des visuels en tant qu’œuvre d’art. Ce qui nous intéresse ici, c’est le caractère innovant de ce concept créatif et l’apport qu’il peut avoir pour le monde de l’art de demain.

Des chats numériques dans des blocs

Offre dynamique

L’offre de Natcats est déterminée par la présence du motif « 3b » dans le champ des bits hexadécimaux des données de bloc de Bitcoin.

Le champ des bits de Bitcoin est associé à la difficulté de minage qui s’ajuste tous les 2016 blocs (environ toutes les deux semaines).

Chaque période de difficulté correspondant à la présence du motif « 3b » produira un nouvel ensemble de 2016 Natcats.

L’offre de Natcats est donc dynamique.

Il y a eu quatre périodes de difficulté qui contenaient le motif “3b” dans l’histoire de Bitcoin

Il y a donc 8064 Natcats. On ne peut pas prévoir quand la prochaine période de difficulté contiendra le motif 3b.Peut-être dans 15 jours, dans 1 an, dans 10 ans…

Peut-être jamais ?

Fonction d’apparition

Si le motif « 3b » apparaît de nouveau, c’est aux collectionneurs de procéder au processus d’inscription des chats de chaque bloc chaque bloc de la période.

Chaque image de Natcat est générée grâce aux motifs extraits des numéros de chaque bloc. C’est la présence et la combinaison spécifique de certains chiffres dans les numéros des blocs qui déterminent les traits de chaque Natcat.

Un Natcat est donc le résultat transformation de chiffres en éléments visuels tels que la couleur du chat, de ses oreilles, la présence de bijoux ou d’autres accessoires, créant une vaste gamme de combinaisons possibles et rendant chaque Natcat unique.

Rareté évolutive

Ce projet introduit aussi les concepts de rareté dynamique et de traits non publiés.

Contrairement aux collections de NFT classiques dont la rareté est fixée dès la création, la rareté des traits des Natcats évolue avec le temps. À mesure que de nouveaux blocs sont minés et ajoutés à la blockchain, de nouveaux traits peuvent apparaître, et la distribution des traits existants peut changer, reflétant la nature organique et évolutive de la blockchain Bitcoin elle-même.

  • Rareté dynamique : la rareté des traits des Natcats évolue avec le temps, puisqu’à mesure que de nouveaux blocs sont minés, la distribution des traits existants peut changer.
  • Traits non publies : des traits qui n’existent pas encore dans la collection en raison de l’absence de blocs correspondants pourraient apparaître à l’avenir.
natcats art bitcoin
Ce chat vit dans le bloc 42791 de Bitcoin.

Chacun cherche son chat numérique

Cette anticipation de la découverte ajoute une dimension évolutive et ludique. La collection Natcats devient alors une expérience artistique partagée qui va au-delà de la simple possession de l’œuvre.

Bitcoin ne se contente plus de sécuriser des transactions ou de stocker de la valeur, il devient un support sur lequel se développent de nouvelles formes d’expression artistique. 

Natcats est une invitation à réfléchir sur la manière dont la technologie peut enrichir notre expérience de l’art. Sur la façon dont on conçoit notre relation avec les données : elles ne sont plus des objets passifs à stocker et à analyser, mais des éléments actifs que nous pouvons utiliser pour créer.

Travailler avec les données comme matériau brut de notre imagination est une nouvelle approche qui offre des possibilités passionnantes pour l’art, le design mais aussi l’économie, les mondes virtuels, les jeux vidéo…

Vers un avenir artistique intégré à la blockchain

Le projet Natcats est bien plus qu’une simple collection d’images. C’est une démarche artistique qui repense la manière de créer, distribuer et apprécier l’art dans l’espace numérique.

Il ne s’agit là pour le moment que d’une expérimentation, mais elle ouvre la voie à un nouvel écosystème artistique. Les marchés de l’art devront s’adapter à ces nouvelles formes d’œuvres numériques et développer des méthodes pour leurs expositions et ventes, sans doute dans des univers virtuels.  

La transparence et l’immuabilité de la blockchain offrent des solutions inédites pour la protection des créateurs comme des collectionneurs. On pense ici aux implications juridiques sur la propriété intellectuelle ou encore aux garanties d’authenticité. 

Il est facile d’anticiper que cette nouvelle forme d’art – l’art sur blockchain – sera très vite intégrée dans les espaces virtuels et les métavers. D’ailleurs, il ne s’agit pas que d’une nouvelle forme d’art. mais d’une nouvelle manière de créer, de percevoir et d’interagir avec l’art dans la nouvelle ère numérique qui s’annonce.

Je ne sais pas ce que deviendront les Natcats. Mais dans un futur proche, l’art numérique semble destiné à prendre une place importante de l’espace culturel et artistique.